Le grand retour des acheteurs
REPRISE - Le bilan de 2024 est moins catastrophique que prévu dans l'ancien et 2025 pourrait être une année charnière. Une bonne surprise pour Charles Marinakis, le patron de Century 21 France.
"On est encore loin du cru exceptionnel de 2021 et de ses 1,2 million de transactions. Mais nous revenons à une situation normale." Charles Marinakis a le sourire en ce début d'année, les ventes de logements repartent à la hausse et Century 21 affiche une activité en légère progression de 3%. Le redémarrage à l'automne 2024 devrait se confirmer en 2025 avec une projection autour de 850 000 transactions. Pari tenable, selon le patron de Century 21, à plusieurs conditions. Une inflation stable autour de 1,6%, des taux d'emprunt entre 3 et 3,25% comme indiqué par la Banque de France, et des prix au mètre carré à la baisse. En 2024, ils ont déjà diminué de 3,8% pour les maisons et de 0,7% pour les appartements au niveau national.
A Paris, la baisse est plus spectaculaire encore : près de -5%, à 9321 euros le mètre carrée en moyenne. Résultat, c'est la remontada du côté des ventes dans la capitale : +3% sur un an. A contrario, les prix continuent de grimper en région Paca. Enfin, et c'est une surprise, l'incertitude politique de ces derniers mois incite les Français à se tourner vers la pierre, un investissement rassurant.
Dans cette embellie générale, un point noir subsiste : le nombre de nouveaux propriétaires bailleurs continue de s'effondrer alors même que le marché de la location est bloqué. Alors qu'ils représentaient 30% des transactions, ils sont tombés à 25% aujourd'hui. Loger les Français n'attire plus les investisseurs. Trop de normes, trop de contraintes, décrypte Charles Marinakis. Dernière mesure en date : l'interdiction de louer les logements classés G les plus énergivores, sans travaux d'isolation, depuis le 1er Janvier. La règle devait être assouplie par la ministre de logement, Valérie Létard, mais la chute du gouvernement Barnier à tout interrompu. Et rien ne garantit désormais que l'arbitrage sera remis en cause. Le patron de Century 21 réclame enfin qu'un statut du bailleur privé soit mis en oeuvre pour donner plus de droits aux propriétaires en retour des nombreux devoirs qui les engagent envers les locataires.
Un statut pour donner plus de droits aux propriétaires
Pour le reste, le secteur de l'immobilier appelle à la retenue. Dans une France sans budget, avec un gouvernement censurable à tout moment, "il faut que l'Etat intervienne le moins possible, qu'il laisse le marché de l'immobilier de l'ancien s'autoréguler", plaide le président Century 21. Si la situation s'est améliorée ces derniers mois, rappelle-t-il, c'est grâce à la Banque centrale européenne qui a raboté ses taux directeurs et non à l'action gouvernementale. Lorsque les taux baissent, la capacité d'emprunt des ménages et leur pouvoir d'achat immobilier progressent.
Dans un contexte encore fragile, la moindre hausse de fiscalité pourrait tout gripper. Charles Marinakis redoute notamment le retour de l'augmentation des droits de mutation à titre onéreux payés aux notaires qui viendrait aliéner en partie la baisse des taux, et léser les acquéreurs.
Source : Le Journal du Dimance - Christophe BORDET